Un enseignement d'amour
- Paroisse de Lasne
- 4 oct. 2024
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PAUL VI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 7 juin 1978
Chers Fils et Filles,
Nous avons aujourd'hui deux pensées dans l'esprit : la vision de la Basilique Saint-Pierre qui semble une ruche joyeuse pleine de bambins, d'enfants, de jeunes, innocents et gais ; puis, le souvenir oppressant de la loi sur l'avortement, en Italie, et qui, hier précisément, a eu sa première application.
Nous ne pouvons manquer au devoir de rappeler les réserves négatives exprimées contre cette loi en faveur de l'avortement qui, nous venons de le dire, est, en Italie, en vigueur depuis hier, offensant gravement la loi de Dieu sur ce thème d'extrême importance: le devoir de défendre la vie de l'enfant innocent, dès le sein maternel. Nous nous bornerons en ce moment à rappeler que l'Eglise, interprète de la loi naturelle sur ce point, et de la loi divine, a, depuis toujours (cf. Ep. ad Diognetum 8, 6), affirmé avec autorité que, "la vie innocente, quelle que soit la condition dans laquelle elle se trouve, est soustraite, dès le premier moment de son existence, à toute attaque volontaire directe. C'est là un droit fondamental de la personne humaine..." comme l'a affirmé notre vénéré Prédécesseur Pie XII (cf. Discours, XIII, p. 415), et comme vient de le rappeler publiquement, hier précisément, notre Vicaire Général pour le diocèse de Rome, le Cardinal Ugo Poletti. Ce sera le devoir de tous, et spécialement de ceux qui se professent catholiques, d'observer strictement cet enseignement capital.
Cet enseignement est grave, mais il est aussi, et plus que jamais, un enseignement d'amour. D'amour pour la vie humaine, considérée en elle-même. L'autorité que le Christ, et l'Eglise avec Lui, revendiquent sur l'existence humaine, est une profession d'estime pour la vie de l'homme, dans son exiguïté, dans son enfance, dans son innocence. Qui ne se rappelle l'épisode si beau, si aimable, si évangélique, que Saint Marc l'Evangéliste nous raconte avec son habituelle vigueur : "On lui présenta (à Jésus) des petits enfants pour qu'il les touchât, mais les disciples les rabrouèrent. Ce que voyant, Jésus se fâcha et leur dit : 'Laissez venir à moi les petits enfants ; ne les empêchez pas, car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis, quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant, n'y entrera pas. Puis il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains" (Mc 10, 13-16). Saint Matthieu ne néglige pas plus de mettre en évidence la sympathie, l'affectueuse préférence du Seigneur pour les petits. Voici : "En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : 'Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, tel a "été ton bon plaisir..." (Mt 11, 25-26). Et cette pensée qui renverse la primauté des grands en faveur des humbles est vigoureusement exprimée dans le chant du Magnificat de la Vierge Marie : "Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leur trône et élevé les humbles ; il a rassasié de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides" (Lc 1, 51-53).
La véritable pitié pour les difficultés et les angoisses de la vie humaine ne consiste pas à supprimer celui qui est le fruit de la faute ou de la douleur humaine, mais à soulager, consoler, entourer de manière bienfaisante la souffrance, la misère, la honte de la faiblesse ou de la passion humaine : mais tuer, jamais ! Il nous faudra réfléchir devant le triste et ignoble recours à l'avortement. Rappeler aux jeunes, à tous, les dangers et les désastreuses conséquences de la passion qui se substitue a l'amour ; la dignité intangible de la vie humaine, même à ses degrés les plus secrets et les plus humbles ; réserver toute assistance digne et possible à la maternité dans le besoin. Tout ce qui sera fait dans cet ordre d'amour, de pitié, de récupération de la vie d'un des plus petits et peut-être plus malheureux de nos frères et de nos sœurs "en humanité", Jésus — rappelons-le — le comptera comme fait à lui-même.
Avec notre bénédiction apostolique.
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