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29 juin 2025

Saints Pierre et Paul, Apôtres

Solennité

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Tu es Pierre,
et sur cette pierre

je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort

ne l’emportera pas sur elle.

Matthieu 16, 18


Lectures de la Messe

Feuille de Messe





Prière universelle





MÉDITATION


Les saints Pierre et Paul, que nous fêtons aujourd’hui, sont parfois représentés dans les icônes en train de soutenir l’édifice de l’Eglise. Cela nous rappelle les paroles de l’Evangile d’aujourd’hui, où Jésus dit à Pierre: «Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise» (Mt 16, 18). C’est la première fois que Jésus prononce la parole «Eglise», mais plus que sur le nom, je voudrais vous inviter à réfléchir au pronom, «mon»: mon Eglise. Jésus ne parle pas de l’Eglise comme d’une réalité extérieure, mais il exprime le grand amour qu’il nourrit pour elle: mon Eglise. Il est attaché à son Eglise, à nous. Saint Paul écrit: «Il a aimé l’Eglise, il s’est livré lui-même pour elle» (Ep 5, 25), c’est-à-dire, explique l’apôtre, que Jésus aime l’Eglise comme son épouse. Pour le Seigneur, nous ne sommes pas un groupe de croyants ou une organisation religieuse, nous sommes son épouse. Il regarde son Eglise avec tendresse, il l’aime avec une fidélité absolue, malgré nos erreurs et nos trahisons. Comme ce jour-là à Pierre, il nous dit aujourd’hui à tous: «Mon Eglise, vous êtes mon Eglise».

Et nous pouvons le répéter nous aussi: mon Eglise. Nous ne le disons pas avec un sens d’appartenance exclusif, mais avec un amour inclusif. Non pour nous différencier des autres, mais pour apprendre la beauté d’être avec les autres, parce que Jésus nous veut unis et ouverts. L’Eglise en effet, n’est pas «mienne» parce qu’elle répond à mon «moi», à mes envies, mais pour que j’y déverse mon affection. Elle est mienne pour que j’en prenne soin, pour que, comme les apôtres dans l’icône, moi aussi je la soutienne. Comment? Par l’amour fraternel. Avec notre amour fraternel nous pouvons dire: mon Eglise.

Dans une autre icône, les saints Pierre et Paul sont représentés alors qu’ils s’étreignent mutuellement. Ils étaient très différents entre eux: un pêcheur et un pharisien avec des expériences de vie, des caractères, des façons de faire et des sensibilités très différentes. Les opinions opposées et les francs débats ne manquèrent pas entre eux (cf. Ga 2, 11 sq.). Mais ce qui les unissait était infiniment plus grand: Jésus était leur Seigneur à tous deux, ils disaient ensemble «mon Seigneur» à Celui qui dit «mon Eglise». Frères dans la foi, ils nous invitent à redécouvrir la joie d’être frères et sœurs dans l’Eglise. En cette fête, qui unit deux apôtres si différents, il serait beau que chacun de nous aussi dise: «Merci, Seigneur, pour cette personne différente de moi: elle est un don pour mon Eglise». Nous sommes différents, mais cela nous enrichit, c’est la fraternité. Cela fait du bien d’apprécier les qualités d’autrui, de reconnaître les dons des autres sans méchanceté et sans envie. L’envie! L’envie provoque de l’amertume intérieure, c’est du vinaigre versé sur le cœur. Les envieux ont un regard amer. Très souvent quand on rencontre un envieux, on a envie de lui dire: mais avec quoi as-tu pris ton petit-déjeuner aujourd’hui, un café au lait ou du vinaigre? Parce que l’envie est amère. Elle rend la vie amère. Qu’il est beau, en revanche, de savoir que nous appartenons les uns aux autres, parce que nous partageons la même foi, le même amour, la même espérance, le même Seigneur. Nous appartenons les uns aux autres et cela est splendide, il faut dire: notre Eglise! Fraternité.

A la fin de l’Evangile, Jésus dit à Pierre: «Pais mes brebis» (Jn 21, 17). Il parle de nous et il dit «mes brebis», avec la même tendresse avec laquelle il disait mon Eglise. Avec quel amour, avec quelle tendresse Jésus nous aime! Il sent que nous lui appartenons. Voilà l’affection qui édifie l’Eglise. Par l’intercession des apôtres, demandons aujourd’hui la grâce d’aimer notre Eglise. Demandons des yeux qui sachent voir en elle des frères et des sœurs, un cœur qui sache accueillir les autres avec l’amour tendre que Jésus a pour nous. Et demandons la force de prier pour celui qui ne pense pas comme nous — celui-ci pense autrement, je prie pour lui — prier et aimer, qui est le contraire de médire, peut-être dans le dos. Ne jamais médire, prier et aimer. Que la Vierge Marie, qui apportait l’harmonie entre les apôtres et priait avec eux (cf. Ac 1,14), nous protège comme des frères et des sœurs dans l’Eglise.


SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre

Samedi 29 juin 2019

La petite voie de l’Évangile


Interview de Bernadette Dumont

pour Magnificat

(Je ne peux que vous recommander de vous abonner : ici)


Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.

◗ Pourquoi dit-on que saint Pierre et saint Paul sont les deux colonnes sur lesquelles l’Église s’est édifiée ?

Pierre – le chef des Apôtres et le premier pape – est le garant de l’unité des chrétiens, dans la foi et dans l’amour. Paul, lui, incarne la mission et l’évangélisation. Ils sont les deux piliers sur lesquels l’Église s’est édifiée. Ensemble, ils établissent l’Église sur un juste équilibre entre Tradition et mission, entre unité et diversité, alors même que « dans le martyr une même couronne les a réunis » (préface).

◗ De qui parle Jésus quand il demande à ses Apôtres : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » ?

La figure messianique du « Fils de l’homme » vient d’une vision apocalyptique du livre de Daniel (cf. Dn 7, 13-14). Ce personnage mystérieux apparaît au ciel dans la nuée et reçoit de Dieu la royauté sur le monde. Plus tard, dans le livre d’Hénoch, le Fils de l’homme de Daniel est identifié au Messie – à la fois roi davidique et serviteur souffrant – prophétisé par Isaïe. Dans les Évangiles, Jésus s’attribue ce titre, de préférence à tout autre (82 fois !). C’est que mieux que tout autre, il rend compte du fait que, descendu du ciel et devenu humain, Jésus est soumis aux souffrances et à la mort, pour finalement en triompher et régner éternellement sur l’univers.

◗ Et pourtant, si les disciples confirment que « le Fils de l’homme » est certainement un grand prophète, aucun ne répond que c’est Jésus lui-même…

Alors, Jésus doit orienter leur réflexion en leur posant la question décisive : « Pour vous, qui suis-je ? » On peut demander à chaque enfant de prendre le temps de bien réfléchir à la question : « Pour toi, qui est Jésus ? » et d’écrire la réponse sur un papier.

Cependant, Pierre, lui, ne réfléchit pas, il se jette à l’eau et professe : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Le Christ veut dire le Messie, en grec. Et Jésus de lui dire qu’il a donné non seulement une bonne réponse, mais encore la révélation faite par le Dieu vivant lui-même.

◗ Les promesses que Jésus fait à Pierre sont porteuses d’un avenir propice pour « l’unique famille du Christ » (préface).

Oui, aussi, dans les tempêtes que traverse l’Église, souvenons-nous de cette promesse faite à Pierre : « La puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » Et par l’intercession des saints Pierre et Paul, prions Jésus de nous faire vivre dans son Église comme les premiers chrétiens. Alors, assidus à l’enseignement des Apôtres, à la fraction du pain et à la communion fraternelle, nous serons un seul cœur, une seule âme, solidement enracinés dans l’amour (cf. Ac 2, 42-47).


Catéchiste et auteur de livres pour enfants, Bernadette Dumont est mère de famille et grand-mère.

Mieux comprendre l’Évangile

avec Marie-Noëlle Thabut


ÉVANGILE selon Saint Matthieu 16, 13 - 19

En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »

Très certainement, aux yeux de Matthieu, cet épisode de Césarée constitue un tournant dans la vie de Jésus ; car c’est juste après ce récit qu’il ajoute « À partir de ce moment, Jésus Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des Anciens, des Grands Prêtres et des scribes, être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter. » L’expression « À partir de ce moment » veut bien dire qu’une étape est franchie.


Une étape est franchie, certainement, mais en même temps, et c’est ce qui est le plus surprenant dans ce passage, rien n’est dit de neuf ! Jésus s’attribue le titre de Fils de l’homme, ce qu’il a déjà fait neuf fois dans l’évangile de Matthieu ; et Pierre lui attribue celui de Fils de Dieu, et il n’est pas non plus le premier à le faire !


Premier titre, le « Fils de l’homme » : une expression sortie tout droit du livre de Daniel, au chapitre 7 ; « Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur les nuées du ciel venait comme un Fils d’homme ; il arriva jusqu’au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence. Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera jamais détruite. » (Dn 7,13- 14). Quelques versets plus loin, Daniel précise que ce Fils d’homme n’est pas un individu solitaire, mais un peuple : « Les Saints du Très-Haut recevront la royauté, et ils posséderont la royauté pour toujours et à tout jamais… La royauté, la souveraineté et la grandeur de tous les royaumes qu’il y a sous tous les cieux, elles ont été données au peuple des Saints du Très-Haut : sa royauté est une royauté éternelle ; toutes les souverainetés le serviront et lui obéiront. » (Dn 7,18. 27). Quand Jésus s’applique à lui-même ce titre de Fils de l’homme, il se présente donc comme celui qui prend la tête du peuple de Dieu. Le deuxième titre qui lui est donné ici, c’est celui de « Fils de Dieu ». Ce n’est pas la première fois non plus. Dès le début de l’évangile, par exemple, au chapitre 4, c’est le diable qui tente Jésus au désert, en employant ce titre « Si tu es le Fils de Dieu ». Il a raison d’employer le titre, mais il se trompe sur son contenu. Il ne peut qu’imaginer un Fils de Dieu puissant et invulnérable, exploitant sa puissance à son propre profit. Pour Jésus, être fils de Dieu, c’est faire totalement confiance à son Père et se nourrir de sa Parole.


Une autre fois, après avoir vu Jésus marcher sur les eaux, les disciples s’étaient prosternés devant Jésus qui remontait dans la barque et lui avaient dit : « Vraiment, tu es Fils de Dieu. » C’est la puissance de Jésus sur la mer qui les avait impressionnés. Il restait toute une étape à franchir pour découvrir qui est réellement Jésus.


À Césarée, ce qui est nouveau, c’est que Pierre ne dit pas cela devant une manifestation de puissance de Jésus. Cela veut dire qu’une étape est franchie : il n’y a plus d’ambiguïté sur le titre de Fils de Dieu. Pierre est en marche vers la foi. « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. »


Ce qui est nouveau aussi, à Césarée, ce n’est pas l’usage de l’un ou l’autre des deux titres de Jésus, c’est leur jonction. « Qui est le fils de l’homme ? » demande Jésus et Pierre répond « Il est le Fils de Dieu ». Jésus fera le même rapprochement au moment de son interrogatoire par le Grand Prêtre : celui-ci lui demande « Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es toi, le Messie, le Fils de Dieu. » et Jésus répond « Tu le dis. Seulement, je vous le déclare, désormais vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel. » (Mt 26,63).


À ce moment précis, bien sûr, on ne peut pas se tromper : Dieu se révèle non comme un Dieu de puissance et de majesté, mais comme l’amour livré aux mains des hommes.


Dès que Pierre a découvert qui est Jésus, celui-ci aussitôt l’envoie pour l’Église : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église » ; on l’a vu tout à l’heure, le Fils de l’homme n’est pas un individu isolé, c’est un peuple. Et sur quoi le Christ construit-il son Église ? Sur la personne d’un homme dont la seule vertu est d’avoir écouté ce que le Père lui a révélé. Cela veut bien dire que le seul pilier de l’Église, c’est la foi en Jésus-Christ. Et Jésus ajoute : « Ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » : cela ne veut pas dire que Pierre et ses successeurs sont désormais tout-puissants ! Cela veut dire que Dieu promet de s’engager auprès d’eux. Pour nous, il nous faut et il nous suffit d’être en communion avec notre Église pour être en communion avec Dieu.


Dernier motif pour nous rassurer : Jésus dit « JE bâtirai mon Église » : c’est lui, Jésus, qui bâtit son Église. Nous ne sommes pas chargés de bâtir son Église, mais simplement, d’écouter ce que le Dieu vivant veut bien nous révéler. Et parce que c’est le Christ ressuscité, Fils du Dieu vivant, qui bâtit, nous pouvons en être certains, « La puissance de la mort ne l’emportera pas ».


MESSE ET BÉNÉDICTION DES PALLIUMS POUR LES NOUVEAUX MÉTROPOLITES EN LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane

Samedi 29 juin 2019


 

Les Apôtres Pierre et Paul sont devant nous comme témoins. Ils ne se sont jamais fatigués d’annoncer, de vivre en mission, en chemin, de la terre de Jésus jusqu’à Rome. Ici, ils en ont témoigné jusqu’à la fin, en donnant leur vie comme martyrs. Si nous allons aux racines de leur témoignage, nous les découvrons témoins de vie, témoins du pardon et témoins de Jésus.

Témoins de vie. Et pourtant leurs vies n’ont pas été nettes et linéaires. Les deux étaient de nature très religieuse : Pierre, disciple de la première heure (cf. Jn 1, 41), Paul également « acharné à défendre les traditions des pères » (Ga 1, 14). Mais ils firent d’énormes erreurs : Pierre en vint à renier le Seigneur, Paul à persécuter l’Église de Dieu. Tous les deux furent mis à nu par les questions de Jésus : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15) ; « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4). Pierre fut peiné par les questions de Jésus, Paul aveuglé par ses paroles. Jésus les appela par leurs noms et changea leur vie. Et après toutes ces aventures, il leur fit confiance, il fit confiance à deux pécheurs repentis. Nous pourrions nous demander : pourquoi le Seigneur ne nous a pas donné deux témoins d’une grande intégrité, au casier judiciaire vierge, à la vie sans tâches ? Pourquoi Pierre, quand il y avait Jean ? Pourquoi Paul, et non pas Barnabé ?

Il y a un grand enseignement en cela : le point de départ de la vie chrétienne n’est pas le fait d’être digne ; avec ceux qui se croyaient bons, le Seigneur n’a pas pu faire grand-chose. Quand nous nous considérons meilleurs que les autres, c’est le début de la fin. Le Seigneur n’accomplit pas des prodiges avec celui qui se croit juste, mais avec celui qui se sait être dans le besoin. Il n’est pas attiré par notre talent, ce n’est pas pour cela qu’il nous aime. Il nous aime comme nous sommes et il cherche des personnes qui ne se suffisent pas à elles-mêmes, mais qui sont disposées à lui ouvrir leur cœur. Pierre et Paul ont été ainsi, transparents devant Dieu. Pierre le dit tout de suite à Jésus : « je suis un homme pécheur » (Lc 5, 8). Paul a écrit être « le plus petit des Apôtres, pas digne d’être appelé Apôtre » (1Co 15, 9). Dans la vie, ils ont conservé cette humilité jusqu’à la fin : Pierre crucifié la tête en bas, parce qu’il ne se croyait pas digne d’imiter son Seigneur ; Paul toujours attaché à son nom qui signifie “petit”, et qui oublie celui qu’il a reçu à la naissance, Saul, nom du premier roi de son peuple. Ils ont compris que la sainteté n’est pas dans l’élévation de soi, mais dans l’abaissement de soi : elle n’est pas une ascension dans le classement, mais le fait de confier chaque jour sa propre pauvreté au Seigneur qui accomplit de grandes choses avec les humbles. Quel a été le secret qui les a fait aller de l’avant dans les faiblesses ? Le pardon du Seigneur.

Redécouvrons-les donc témoins du pardon. Dans leurs chutes, ils ont découvert la puissance de la miséricorde du Seigneur qui les a régénérés. Dans son pardon, ils ont trouvé une paix et une joie irrépressibles. Avec ce qu’ils avaient fait, ils auraient pu vivre dans la culpabilité : combien de fois Pierre aura repensé à son reniement ! Combien de scrupules pour Paul qui avait fait du mal à tant d’innocents ! Humainement ils avaient échoué. Mais ils ont rencontré un amour plus grand que leurs défaillances, un pardon si fort qu’il guérit même leurs sentiments de culpabilité. C’est seulement quand nous expérimentons le pardon de Dieu que nous renaissons vraiment. De là on repart, du pardon ; là nous nous retrouvons nous-mêmes : dans la confession de nos péchés.

Témoins de vie, témoins de pardon, Pierre et Paul sont surtout témoins de Jésus. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Il demande : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? ». Les réponses évoquent des personnages du passé : « Jean le Baptiste, Élie, Jérémie ou l’un des prophètes ». Des personnes extraordinaires, mais toutes mortes. Pierre, au contraire, répond : « Tu es le Christ » (cf. Mt 16, 13. 14. 14. 16). Le Christ, c’est-à-dire le Messie. C’est une parole qui ne désigne pas le passé, mais l’avenir : le Messie est celui qui est attendu, la nouveauté, celui qui apporte dans le monde l’onction de Dieu. Jésus n’est pas le passé, mais le présent et l’avenir. Il n’est pas un personnage éloigné dont on se souvient, mais il est Celui que Pierre tutoie : Tu es le Christ. Pour le témoin, plus qu’un personnage de l’histoire, Jésus est la personne de la vie : il est le nouveau, non pas le déjà vu ; la nouveauté de l’avenir, non pas un souvenir du passé. Donc, le témoin n’est pas celui qui connaît l’histoire de Jésus, mais celui qui vit une histoire d’amour avec Jésus. Parce que le témoin, dans le fond, annonce seulement ceci : que Jésus est vivant et qu’il est le secret de la vie. Nous voyons en fait Pierre qui, après avoir dit : Tu es le Christ, ajoute : « le Fils du Dieu vivant ! » (v. 16). Le témoignage naît de la rencontre avec Jésus vivant. Également, au centre de la vie de Paul, nous trouvons la même parole qui déborde du cœur de Pierre : le Christ. Paul répète ce nom continuellement, presque quatre cent fois dans ses lettres ! Pour lui, le Christ n’est pas seulement le modèle, l’exemple, le point de référence : il est la vie. Il écrit : « pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1, 21). Jésus est son présent et son avenir, au point qu’il juge le passé comme ordure devant la grandeur de la connaissance du Christ (cf. Ph 3, 7-8).

Frères et sœurs, devant ces témoins, demandons-nous : “Est-ce que je renouvelle tous les jours la rencontre avec Jésus ?”. Peut-être sommes-nous des curieux de Jésus, nous nous intéressons aux choses de l’Église ou aux nouvelles religieuses. Nous ouvrons des sites et des journaux et nous parlons des choses sacrées. Mais de cette façon, on en reste aux que disent les gens, aux sondages, au passé, aux statistiques. Ça n’a pas d’importance pour Jésus. Il ne veut pas de reporter de l’esprit, encore moins de chrétiens de couverture ou de statistiques. Il cherche des témoins qui chaque jour disent : “Seigneur, tu es ma vie”.

En rencontrant Jésus, en expérimentant son pardon, les Apôtres ont témoigné d’une vie nouvelle : ils n’ont pas épargné leurs efforts, ils se sont donnés eux-mêmes. Ils ne se sont pas contentés de demi mesures, mais ils ont assumé l’unique mesure possible pour celui qui suit Jésus : celle d’un amour sans mesure. Ils se sont “offerts en sacrifice” (cf. 2Tm 4, 6). Demandons la grâce de ne pas être des chrétiens tièdes, qui vivent de demi mesures, qui laissent refroidir l’amour. Retrouvons dans le rapport quotidien avec Jésus et dans la force de son pardon nos racines. Jésus, comme à Pierre, nous demande aussi : “Qui suis-je pour toi ?”; “m’aimes-tu ?”. Laissons ces paroles entrer en nous et allumer le désir de ne pas nous contenter du minimum, mais de viser plus haut, pour être nous aussi témoins vivants de Jésus.

Aujourd’hui, on bénit les Palliums pour les Archevêques Métropolitains nommés l’année dernière. Le Pallium rappelle la brebis que le Pasteur est appelé à porter sur les épaules : c’est le signe que les Pasteurs ne vivent pas pour eux-mêmes, mais pour les brebis ; c’est le signe que, pour la posséder, la vie, il faut la perdre, la donner. Selon une belle tradition, une Délégation du Patriarcat œcuménique, que je salue avec affection, partage avec nous la joie de ce jour. Votre présence, chers frères, nous rappelle que nous ne pouvons nous épargner, pas même sur le chemin vers la pleine unité entre les croyants, dans la communion à tous les niveaux. Parce qu’ensemble, réconciliés par Dieu et nous étant pardonnés mutuellement, nous sommes appelés à être témoins de Jésus par notre vie.

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