
Sur cette page, vous trouverez :
Les lectures de la Messe
-
La feuille de Messe avec le choix des chants
-
Une proposition de prière universelle à télécharger
-
En format PDF
-
En format Word modifiable
-
-
L'Evangile présenté aux enfants
-
Une méditation sur l'Evangile du dimanche
-
Un commentaire
-
Une parole pour la route
22 juin 2025
Saint Sacrement
du corps et du sang du Christ
Solennité

Moi, je suis le pain vivant
qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Jean 6, 51
Lectures de la Messe
Feuille de Messe
Prière universelle
MÉDITATION
Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, on célèbre la solennité du Corps et du Sang du Christ, le Corpus Domini. L’Évangile nous présente l’épisode du miracle des pains (cf. Lc 9, 11-17) qui se déroule sur les rives du lac de Galilée. Jésus est en train de parler à des milliers de personnes et effectue des guérisons. Le soir venu, les disciples s’approchent du Seigneur et lui disent : « Renvoie la foule pour qu’elle aille dans les villages et la campagne environnante, se loger et trouver de la nourriture » (v. 12). Même les disciples étaient fatigués. En effet, ils se trouvaient dans un endroit isolé et, pour acheter de la nourriture, les gens devaient marcher et aller dans les villages. Et Jésus voit cela et dit : « Donnez-leur à manger » (v. 13). Ces paroles provoquent l’étonnement des disciples. Ils ne comprenaient pas, ils se sont peut-être même mis en colère, et ils répondent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons, à moins d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tous ces gens » (ibid.).
En revanche, Jésus invite ses disciples à accomplir une véritable conversion de la logique du « chacun pour soi » à celle du partage, à partir du peu que la Providence met à notre disposition. Et il montre immédiatement qu’il sait clairement ce qu’il veut faire. Il leur dit : « Faites-les s’asseoir par groupes de cinquante » (v. 14). Puis il prend dans ses mains les cinq pains et les deux poissons, il s’adresse au Père céleste et il prononce la prière de bénédiction. Puis il commence à rompre les pains, à partager les poissons et à les donner aux disciples, qui les distribuent à la foule. Et cette nourriture ne finit pas jusqu’à ce que tout le monde en ait reçu à satiété.
Ce miracle — très important, au point qu’il a été raconté par tous les évangélistes — manifeste la puissance du Messie et, en même temps, sa compassion : Jésus a compassion des gens. Ce geste prodigieux reste non seulement l’un des grands signes de la vie publique de Jésus, mais il anticipe ce qui sera ensuite, à la fin, le mémorial de son sacrifice, c’est-à-dire l’Eucharistie, le sacrement de son Corps et son Sang donnés pour le salut de monde.
L’Eucharistie est la synthèse de toute l’existence de Jésus, qui a été un unique acte d’amour au Père et à ses frères. Là aussi, comme dans le miracle de la multiplication des pains, Jésus prit le pain entre ses mains, éleva la prière de bénédiction au Père, rompit le pain et le donna aux disciples ; et il fit la même chose avec la coupe du vin. Mais à ce moment-là, à la veille de sa Passion, il voulut laisser dans ce geste le Testament de l’Alliance nouvelle et éternelle, mémorial perpétuel de sa Pâque de mort et de résurrection. Chaque année, la fête du Corpus Domini nous invite à renouveler l’émerveillement et la joie pour ce don merveilleux du Seigneur, qu’est l’Eucharistie. Accueillons-le avec gratitude, pas de manière passive et routinière. Nous ne devons pas nous habituer à l’Eucharistie ni aller communier par habitude : non ! Chaque fois que nous nous approchons de l’autel pour recevoir l’Eucharistie, nous devons véritablement renouveler notre « Amen » au Corps du Christ. Quand le prêtre nous dit « le Corps du Christ », nous disons « Amen » : mais que ce soit un « Amen » qui vienne du cœur, convaincu. C’est Jésus, c’est Jésus qui m’a sauvé, c’est Jésus qui vient me donner la force de vivre. C’est Jésus, Jésus vivant. Mais nous ne devons pas nous y habituer : chaque fois doit être comme s’il s’agissait de la première communion.
Une expression de la foi eucharistique du saint peuple de Dieu sont les processions du Saint-Sacrement qui ont lieu partout dans l’Église catholique en cette solennité. Ce soir, je célébrerai moi aussi la Messe dans le quartier de Casal Bertone, à Rome, qui sera suivie par une procession. J’invite tout le monde à y participer, même spirituellement, à la radio et à la télévision. Que la Vierge Marie nous aide à suivre avec foi et amour Jésus que nous adorons dans l’Eucharistie.
PAPE FRANÇOIS
ANGÉLUS
Place Saint-Pierre
Dimanche 23 juin 2019
La petite voie de l’Évangile
Interview de Bernadette Dumont
pour Magnificat
(Je ne peux que vous recommander de vous abonner : ici)
Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
◗ Avec la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, l’Église nous invite, en quelque sorte, à fêter l’anniversaire de notre première communion !
Tout à fait, cette fête est une invitation à retrouver la grâce de notre première communion. C’est le moment pour nous, et pour les enfants que nous accompagnons, d’approfondir le sens de l’eucharistie et sa place dans notre vie. Ce dimanche, la liturgie nous invite à le faire en nous proposant comme Évangile le récit de la multiplication des pains.
◗ Ce récit commence en disant : Jésus parlait aux foules du règne de Dieu…
Comme chaque dimanche à la messe, le repas auquel nous convie Jésus commence en nous nourrissant de sa parole. Pour apprécier le « pain du ciel » que nous allons prendre et manger, il nous faut d’abord reconnaître que « l’homme ne vit pas seulement de pain matériel, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4).
◗ Puis, aux disciples qui s’inquiètent de nourrir la foule, Jésus répond abruptement : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » !
Nous avons un besoin vital de communier à Jésus, mais Jésus veut avoir besoin de nous. Il veut que sa présence réelle qu’il nous partage se prolonge et rayonne en nous et par nous jusqu’à ce qu’il [re]vienne (2e lecture). C’est pourquoi Jésus, qui a donné sa vie par amour, vient en nous par la communion, pour que, nous aussi, en tant que nous sommes les membres actifs de son corps livré par amour, nous donnions notre vie pour les autres.
◗ Mais les disciples reconnaissent qu’ils sont bien incapables de nourrir la foule : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons ! » disent-ils.
Certes, nous n’avons que cinq pains et deux poissons – et parfois moins encore – à donner… Mais précisément, à la messe, il s’agit pour nous de reconnaître la présence du Christ manifestée et révélée dans le pain et le vin partagés, et de communier à cette présence réelle pour être ensuite, à notre tour, présence tout aimante du Christ pour tous ceux que la providence du Père met sur la route de nos vies. Saint Léon le Grand dit que notre participation au corps et au sang du Christ ne tend à rien d’autre qu’à devenir pour les autres ce que nous recevons.
◗ C’est ce que préfigure cette phrase : Il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule ?
Oui. Ayons bien conscience que dans l’eucharistie, c’est Jésus lui-même qui se donne surabondamment à nous, pour qu’ensuite nous le distribuions à tout le monde, en nous donnant nous-mêmes !
Catéchiste et auteur de livres pour enfants, Bernadette Dumont est mère de famille et grand-mère.
Mieux comprendre l’Évangile
avec Marie-Noëlle Thabut
EVANGILE - selon Saint Luc 9,11b-17
En ce temps-là,
11 Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,et guérissait ceux qui en avaient besoin.
12 Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. »
13 Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. »
14 Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
15 Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde.
16 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule.
17 Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.
« DONNEZ-LEUR VOUS-MEMES A MANGER »
Pour la fête du Corps et du Sang du Christ, nous lisons un récit de miracle et plus exactement de multiplication des pains : ce choix peut nous surprendre ; Corps et du Sang du Christ, nous pensons aussitôt à l’Eucharistie... et, à première vue, quel lien y a-t-il entre l’Eucharistie et un miracle de multiplication des pains ?
Saint Luc, lui-même, pourtant, a très certainement voulu marquer ce lien car il décrit les gestes de Jésus avec les termes mêmes de la liturgie eucharistique : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples. »
Reprenons le texte en le suivant tout simplement : la première phrase, d’abord, « Jésus parlait du règne de Dieu et il guérissait ceux qui en avaient besoin ». Il annonce le règne de Dieu par ses paroles et par ses actes. La multiplication des pains intervient tout de suite après : c’est donc qu’elle s’inscrit dans ce contexte : la multiplication des pains, aussi, c’est le règne de Dieu en actes ; nourrir ceux qui ont faim, c’est faire naître le règne de Dieu. ( On sait à quel point Luc aime insister sur la nécessaire cohérence entre les paroles et les actes ).
« Le jour commençait à baisser » : les disciples ont souci de ces gens qui vont se laisser surprendre par la nuit ; très sagement ils suggèrent la solution : il faut disperser cette foule, renvoyer tout le monde ; chacun pourra régler son problème de logement et de nourriture ; on trouvera bien le nécessaire dans les environs... apparemment, à en croire le texte de Luc, c’était envisageable.
Mais Jésus ne retient pas cette solution de dispersion : on peut se demander pourquoi ? Peut-être le Règne de Dieu qu’il annonce ne cadre-t-il pas avec des solutions de dispersion ? Le Royaume de Dieu est un mystère de rassemblement, nous le savons ; il ne s’accommode pas du « chacun pour soi ».
Et Jésus dit sa solution à lui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » ; les disciples ont dû être un peu surpris ! Sa solution, elle est facile à dire, mais comment faire ? Ils sont réalistes, eux : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons » ; cela pourrait aller pour une famille, peut-être, mais pour cinq mille hommes, c’est dérisoire. Ils ont raison, cent fois raison... à vues humaines.
Mais pourtant, si Jésus leur dit cette phrase plutôt surprenante, ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras ; jamais Jésus ne cherche à mettre quiconque dans l’embarras : ils le savent bien ; s’il leur dit de nourrir eux-mêmes la foule, c’est qu’ils en ont les moyens.
Alors ils ont l’idée d’une deuxième solution : nous pourrions « aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde ». C’est déjà beaucoup mieux ; ce n’est pas une solution de dispersion ; les disciples sont prêts à jouer les intendants, à se mettre au service de cette foule. Mais apparemment, cela ne convient pas encore : Jésus ne les laisse pas partir faire les courses. Visiblement, il a une autre solution ; il ne leur fait pas de reproche, il leur dit simplement : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante ». Il choisit donc la solution du rassemblement ; on peut remarquer cependant que si le règne de Dieu est un rassemblement, ce n’est pas une foule indistincte, c’est un rassemblement organisé ; une communauté de communautés, un rassemblement de communautés distinctes, si l’on préfère.
INTENDANTS DES DONS DE DIEU
Il « bénit » les pains : ce n’est pas un rite magique sur le pain ; c’est reconnaître le pain comme don de Dieu et lui demander de savoir l’utiliser pour le service des affamés. Reconnaître le pain comme don de Dieu, c’est tout un programme ; c’est très exactement le sens de la démarche de la préparation des dons à la Messe : ce que l’on appelait autrefois l’offertoire ; si la Réforme liturgique engagée au Concile Vatican II a remplacé le mot « offertoire » par cette expression « Préparation des dons », c’est pour nous aider à mieux comprendre de quoi il s’agit : ce n’est pas nous qui donnons quelque chose.
Dans la formule « Préparation des dons », il faut entendre « Préparation des dons de Dieu ». Quand nous apportons à l’autel du pain et du vin qui sont symboliques de tout le cosmos et de tout le travail de l’humanité, nous reconnaissons que tout est don de Dieu : que nous ne sommes pas propriétaires de tout ce qu’il nous a donné (que ce soit notre avoir matériel, ou nos richesses de toute sorte, physiques, intellectuelles, spirituelles...) ; nous n’en sommes pas propriétaires, nous en sommes intendants : et ce geste répété à chaque Eucharistie va peu à peu nous transformer, et faire de nous réellement des intendants de nos richesses pour le bien de tous. C’est peut-être bien dans ce geste de dépossession que nous pourrions puiser l’audace des miracles : en disant à ses disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger », Jésus voulait leur faire découvrir qu’ils ont des ressources insoupçonnées... mais à condition de tout reconnaître comme don de Dieu. Encore une fois, quand Jésus dit « Donnez-leur vous-mêmes à manger », ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras : ils en sont capables, mais ils ne le savent pas, ou ils n’osent pas le croire. Si ce texte nous est proposé à nous, aujourd’hui, à notre tour, c’est que Jésus, devant les affamés du monde entier, nous dit aujourd’hui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Et nous aussi, comme les disciples, avons des ressources que nous ignorons. A condition de reconnaître nos richesses de toute sorte comme don de Dieu et de nous considérer, nous, comme de simples intendants. Encore faut-il nous souvenir d’une chose, nous l’avons vu un peu plus haut : en refusant la solution de dispersion de la foule imaginée par les disciples, Jésus nous montre que le Règne de Dieu ne s’accommode pas du « chacun pour soi ».
Alors le lien entre cette multiplication des pains et la Fête du Corps et du Sang du Christ s’éclaire ; c’est l’évangile de Jean qui nous donne la clé : tandis que les trois évangiles synoptiques rapportent l’institution de l’Eucharistie, le soir du Jeudi Saint, avec, chez Luc, l’ordre du Seigneur « Vous ferez cela en mémoire de moi », Saint Jean, lui, raconte le lavement des pieds et la recommandation de Jésus : « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. »
Ce qui veut dire qu’il y a deux manières indissociables de célébrer le mémorial de Jésus-Christ : non seulement partager l’Eucharistie mais aussi nous mettre au service des autres (service symbolisé par le lavement des pieds), c’est-à-dire, très concrètement, multiplier les richesses du monde pour les partager à tous les hommes.
Homélie Pape François
La Parole de Dieu nous aide aujourd’hui à redécouvrir deux verbes simples, deux verbes essentiels pour la vie de chaque jour : dire et donner.
Dire. Melchisédech, dans la première Lecture, dit : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut et béni soit le Dieu très-haut » (Gn 14, 19-20). Le dire de Melchisédech est de bénir. Il bénit Abraham, celui en qui seront bénies toutes les familles de la terre (cf. Gn 12, 3 ; Ga 3, 8). Tout part de la bénédiction : les paroles de bien engendrent une histoire de bien. La même chose arrive dans l’évangile : avant de multiplier les pains, Jésus les bénit : « il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples » (Lc 9, 16). La bénédiction fait des cinq pains la nourriture pour une multitude : il fait jaillir une cascade de bien.
Pourquoi bénir fait du bien ? Parce que c’est transformer la parole en don. Quand on bénit, on ne fait pas quelque chose pour soi, mais pour les autres. Bénir n’est pas dire de belles paroles, ce n’est pas utiliser des paroles de circonstance : non ; c’est dire du bien, dire avec amour. Melchisédech a fait ainsi, en disant spontanément du bien d’Abraham, sans que celui ait dit ou fait quelque chose pour lui. Ainsi a fait Jésus, en montrant la signification de la bénédiction avec la distribution gratuite des pains. Combien de fois nous aussi, nous avons été bénis, à l’église ou dans nos maisons, combien de fois nous avons reçu des paroles qui nous ont fait du bien, ou un signe de croix sur le front…Nous sommes devenus bénis le jour de notre Baptême, et à la fin de chaque Messe nous sommes bénis. L’Eucharistie est une école de bénédiction. Dieu dit du bien de nous, ses enfants aimés, et ainsi il nous encourage à aller de l’avant. Et nous bénissons Dieu dans nos assemblées (cf. Ps 68, 27), en retrouvant le goût de la louange qui libère et guérit le cœur. Nous venons à la Messe avec la certitude d’être bénis par le Seigneur et nous sortons pour bénir à notre tour, pour être des canaux de bien dans le monde.
Pour nous aussi : il est important que, nous les Pasteurs, nous nous souvenions de bénir le peuple de Dieu. Chers prêtres, n’ayez pas peur de bénir, bénir le peuple de Dieu ; chers prêtres, allez de l’avant avec la bénédiction : le Seigneur désire dire du bien de son peuple, il est heureux de faire sentir son amour pour nous. Et seulement en tant que bénis nous pouvons bénir les autres avec la même onction d’amour. C’est triste en revanche de voir avec quelle facilité aujourd’hui on fait le contraire : on maudit, on méprise, on insulte. Pris par trop de frénésie, on ne se contient pas et on déverse sa colère sur tout et sur tous. Souvent malheureusement, celui qui crie le plus et plus fort, celui qui est le plus en colère semble avoir raison et créer un consensus. Ne nous laissons pas contaminer par l’arrogance, ne nous laissons pas envahir par l’amertume, nous qui mangeons le Pain qui porte en soi toute douceur. Le peuple de Dieu aime la louange, il ne vit pas de plaintes ; il est fait pour les bénédictions, non pour les lamentations. Devant l’Eucharistie, Jésus qui s’est fait Pain, ce Pain humble qui contient le tout de l’Église, apprenons à bénir ce que nous avons, à louer Dieu, à bénir et à ne pas maudire notre passé, à offrir de bonnes paroles aux autres.
Le second verbe est donner. Au “dire” fait suite le “donner”, comme Abraham qui, béni par Melchisédech, « lui donna le dixième de tout » (Gn 14, 20). Comme pour Jésus qui, après avoir récité la bénédiction, donnait le pain pour qu’il fût distribué, en dévoilant ainsi la signification la plus belle : le pain n’est pas seulement un produit de consommation, c’est un moyen de partage. En fait, de manière surprenante, dans le récit de la multiplication des pains, on ne parle jamais de multiplier. Au contraire, les verbes utilisés sont : “rompre, donner, distribuer” (cf. Lc 9, 16). En somme, on ne souligne pas la multiplication, mais le partage. C’est important : Jésus ne fait pas de magie, il ne transforme pas les cinq pains en cinq mille pour dire après : “Maintenant distribuez-les”. Non. Jésus prie, bénit ces cinq pains et commence à les rompre, en se confiant au Père. Et ces cinq pains ne finissent plus. Ce n’est pas de la magie, c’est la confiance en Dieu et en sa providence.
Dans le monde, on cherche toujours à augmenter les gains, à gonfler les factures…Oui, mais à quelle fin ? C’est le donner ou l’avoir ? Le partager ou l’accumuler ? L’“économie” de l’Évangile multiplie en partageant, nourrit en distribuant, ne satisfait pas la voracité de quelques-uns, mais donne la vie au monde (cf. Jn 6, 33). Ce n’est pas avoir, mais donner le verbe de Jésus.
Elle est péremptoire la demande qu’il fait à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9, 13). Essayons d’imaginer les raisonnements qu’ont dû faire les disciples : “Nous n’avons pas de pain pour nous et nous devons penser aux autres ? Pourquoi devons-nous leur donner à manger, s’ils sont venus écouter notre Maître ? S’ils n’ont pas porté à manger, qu’ils rentrent chez eux, c’est leur problème, ou bien qu’ils nous donnent de l’argent et nous achèterons”. Ce ne sont pas des raisonnements faux, mais ce ne sont pas ceux de Jésus, qui ne veut rien entendre : donnez-leur vous-mêmes à manger. Ce que nous avons porte du fruit si nous le donnons – voilà ce que veut nous dire Jésus – ; et peu importe que cela soit peu ou beaucoup. Le Seigneur fait de grandes choses avec notre petitesse, comme avec les cinq pains. Il n’accomplit pas de prodiges par des actions spectaculaires, il n’a pas de baguette magique, mais il agit avec des choses humbles. Dieu est une toute-puissance humble, faite seulement d’amour. Et l’amour fait de grandes choses avec des petites choses. L’Eucharistie nous l’enseigne : là, il y a Dieu contenu dans un morceau de pain. Simple, essentiel, Pain rompu et partagé, l’Eucharistie que nous recevons nous transmet le mode de pensée de Dieu. Et elle nous amène à nous donner nous-mêmes aux autres. C’est l’antidote contre le “ça me plaît, mais ça ne me regarde pas”, contre le “je n’ai pas de temps, je ne peux pas, ce n’est pas mon affaire”. Contre le fait de fermer les yeux.
Dans notre ville affamée d’amour et d’attention, qui souffre de dégradation et d’abandon, face à de nombreuses personnes âgées seules, à des familles en difficulté, à des jeunes qui ont du mal à gagner leur vie et à alimenter leurs rêves, le Seigneur te dit : “ Donne-leur toi-même à manger”. Et tu peux répondre : “J’ai peu de choses, je ne suis pas capable pour ce genre de chose”. Ce n’est pas vrai, ton peu de choses est beaucoup aux yeux de Jésus, si tu ne le gardes pas pour toi, si tu le mets en jeu. Toi aussi, mets-toi en jeu. Et tu n’es pas seul : tu as l’Eucharistie, le Pain du chemin, le Pain de Jésus. Même ce soir nous serons nourris par son Corps donné. Si nous l’accueillons avec le cœur, ce Pain libèrera en nous la force de l’amour : nous nous sentirons bénis et aimés, et nous voudrons bénir et aimer, en commençant par ici, par notre ville, par les rues que ce soir nous emprunterons. Le Seigneur vient dans nos rues pour dire-du bien, dire du bien de nous et pour donner du courage, nous donner du courage. Il nous demande d’être bénédiction et don.
MESSE ET PROCESSION EUCHARISTIQUE
EN LA SOLENNITÉ DU SANG ET CORPS DU CHRIST
MESSE
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Dimanche 23 juin 2019