top of page

28 septembre 2025
Sur cette page, vous trouverez :
-
Les lectures de la Messe, la feuille de Messe avec le choix des chants
-
Une proposition de prière universelle à télécharger, en format PDF et en format Word modifiable
-
Une méditation sur l'Evangile du dimanche, un texte spirituel et un commentaire de Marie-Noëlle Thabut
26e dimanche
du Temps Ordinaire
Journée mondiale du migrant et du réfugié

Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche,
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
2 Co 8, 9
Lectures de la Messe
Feuille de Messe
Prière universelle
Lectio Divina
Consultez cette page pour une préparation priante de la liturgie puis lire les méditations ci-dessous.
Méditation
Homélie du Pape François
Le Seigneur nous rassemble autour de sa table, en se faisant pain pour nous : « C’est le pain de la fête sur la table des enfants, […] il crée le partage, renforce les liens, a le goût de la communion » (Hymne XVIIe Congrès eucharistique national, Matera 2022). Pourtant, l’Évangile que nous venons d’entendre nous dit que le pain n’est pas toujours partagé sur la table du monde : c’est vrai ; il n’émane pas toujours le parfum de la communion ; il n’est pas toujours rompu dans la justice.
Cela nous fait du bien de nous arrêter devant la scène dramatique décrite par Jésus dans cette parabole que nous avons entendue : d’un côté, un riche vêtu de pourpre et de lin fin, qui affiche son opulence et fait bonne chère ; de l’autre côté, un pauvre, couvert de plaies, qui gît sur la porte en espérant que quelques miettes tombent de cette table pour qu’il s’en nourrisse. Et devant cette contradiction — que nous voyons tous les jours — devant cette contradiction, nous nous demandons : à quoi nous invite le sacrement de l’Eucharistie, source et sommet de la vie du chrétien ?
Tout d’abord, l’Eucharistie nous rappelle le primat de Dieu. Le riche de la parabole n’est pas ouvert à la relation avec Dieu : il ne pense qu’à son propre bien-être, à satisfaire ses besoins, à profiter de la vie. Et avec cela il a aussi perdu son nom. L’Évangile ne dit pas comment il s’appelait : il le nomme d’un adjectif « un riche », au contraire, il dit le nom du pauvre : Lazare. Les richesses te conduisent à cela, elles te dépouillent même de ton nom. Satisfait de lui-même, ivre d’argent, étourdi par la foire des vanités, dans sa vie il n’y a pas de place pour Dieu parce qu’il n’adore que lui-même. Ce n’est pas par hasard qu’on ne dit pas son nom : on l’appelle « riche », on le définit seulement avec un adjectif parce que désormais, il a perdu son nom, il a perdu son identité qui n’est donnée que par les biens qu’il possède. Comme cette réalité est triste aujourd’hui aussi, quand nous confondons ce que nous sommes avec ce que nous avons, quand nous jugeons les gens par la richesse qu’ils ont, par les titres qu’ils exhibent, par les rôles qu’ils jouent ou par la marque du vêtement qu’ils portent. C’est la religion de l’avoir et du paraître, qui domine souvent la scène de ce monde, mais à la fin, elle nous laisse les mains vides : toujours. À ce riche de l’Évangile n’est pas même resté le nom. Il n’est plus personne. Au contraire, le pauvre a un nom, Lazare, qui signifie « Dieu aide ». Même dans sa situation de pauvreté et de marginalisation, il peut conserver intacte sa dignité parce qu’il vit dans la relation avec Dieu. Il y a quelque chose de Dieu dans son nom et Dieu est l’espérance inébranlable de sa vie.
Voici donc le défi permanent que l’Eucharistie offre à notre vie : adorer Dieu et pas soi-même, pas nous-mêmes. Le placer au centre et pas la vanité de son moi. Nous rappeler que seul le Seigneur est Dieu et tout le reste est don de son amour. Parce que si nous nous adorons nous-mêmes, nous mourons dans l’asphyxie de notre petit moi ; si nous adorons les richesses de ce monde, elles s’emparent de nous et nous rendent esclaves ; si nous adorons le dieu de l’apparence et nous enivrons dans le gaspillage, tôt ou tard, la vie elle-même nous présentera l’addition. La vie nous présente toujours l’addition. Quand, au contraire, nous adorons le Seigneur Jésus présent dans l’Eucharistie, nous recevons un regard nouveau sur notre vie aussi : je ne suis pas les choses que je possède ou les succès que je réussis à obtenir ; la valeur de ma vie ne dépend pas de combien je réussis à exhiber ni ne diminue quand je rencontre des échecs et des insuccès. Je suis un fils bien-aimé, chacun de nous est un fils bien-aimé ; je suis béni par Dieu ; Il a voulu me revêtir de beauté et il me veut libéré, il me veut libérée de tout esclavage. Rappelons-nous ceci : celui qui adore Dieu ne devient esclave de personne : il est libre. Redécouvrons la prière d’adoration, une prière que l’on oublie fréquemment. Adorer, la prière d’adoration, redécouvrons-la : elle nous libère et nous rend à notre dignité d’enfants, pas d’esclaves.
Outre le primat de Dieu, l’Eucharistie nous appelle à l’amour des frères. Ce Pain est par excellence le Sacrement de l’amour. C’est le Christ qui s’offre et se brise pour nous et nous demande de faire de même, afin que notre vie soit du blé moulu et devienne du pain qui nourrit nos frères. Le riche de l’Évangile échoue dans cette tâche ; il vit dans l’opulence, festoie abondamment sans même s’apercevoir du cri silencieux du pauvre Lazare, qui gît épuisé à sa porte. Ce n’est qu’à la fin de la vie, quand le Seigneur renverse les destins, qu’il s’aperçoit enfin de Lazare, mais Abraham lui dit : « Entre nous et vous un grand abîme a été fixé » (Lc 16, 26). Mais c’est toi qui l’as fixé : toi-même. C’est nous, quand nous fixons des abysses dans l’égoïsme. Le riche avait creusé un abîme entre lui et Lazare au cours de sa vie terrestre et maintenant, dans la vie éternelle, cet abîme demeure. Parce que notre avenir éternel dépend de cette vie présente : si nous creusons maintenant un gouffre avec nos frères et sœurs —, nous « creusons notre tombe » pour l’après ; si nous élevons maintenant des murs contre nos frères et sœurs, nous restons prisonniers de la solitude et de la mort même après.
Chers frères et sœurs, il est douloureux de voir que cette parabole est encore l’histoire de nos jours : les injustices, les inégalités, les ressources de la terre distribuées de manière inégale, les abus des puissants envers les faibles, l’indifférence envers le cri des pauvres, l’abîme que nous creusons chaque jour en créant de la marginalisation, ne peuvent pas — toutes ces choses — nous laisser indifférents. Et alors aujourd’hui, ensemble, nous reconnaissons que l’Eucharistie est prophétie d’un monde nouveau, c’est la présence de Jésus qui nous demande de nous engager afin que se produise une conversion concrète : conversion de l’indifférence à la compassion, conversion du gaspillage au partage, conversion de l’égoïsme à l’amour, conversion de l’individualisme à la fraternité.
Frères et sœurs, rêvons. Rêvons d’une Église comme cela : une Église eucharistique. Faite de femmes et d’hommes qui se rompent comme le pain pour tous ceux qui mâchent la solitude et la pauvreté, pour ceux qui sont affamés de tendresse et de compassion, pour ceux dont la vie s’émiette parce qu’il manque le bon levain de l’espérance. Une Église qui s’agenouille devant l’Eucharistie et adore avec émerveillement le Seigneur présent dans le pain ; mais qui sait aussi se plier avec compassion et tendresse devant les blessures de ceux qui souffrent, en soulevant les pauvres, en essuyant les larmes de ceux qui souffrent, en se faisant pain d’espérance et de joie pour tous. Parce qu’il n’y a pas de véritable culte eucharistique sans compassion pour les nombreux « Lazare » qui, aujourd’hui encore, marchent à nos côtés. Ils sont nombreux !
Frères, sœurs, de cette ville de Matera, « ville du pain », je voudrais vous dire : revenons à Jésus, revenons à l’Eucharistie. Revenons au goût du pain, parce que pendant que nous sommes affamés d’amour et d’espérance, ou que nous sommes brisés par les difficultés et les souffrances de la vie, Jésus se fait nourriture qui nous nourrit et nous guérit. Revenons au goût du pain, car tandis que dans le monde continuent à se consumer les injustices et les discriminations envers les pauvres, Jésus nous donne le Pain du partage et nous envoie chaque jour comme apôtres de fraternité, apôtres de justice, apôtres de paix. Revenons au goût du pain pour être Église eucharistique, qui met Jésus au centre et se fait pain de tendresse, pain de miséricorde pour tous. Revenons au goût du pain pour nous rappeler que, tandis que notre existence terrestre se consume, l’Eucharistie nous anticipe sur la promesse de la résurrection et nous guide vers la vie nouvelle qui vainc la mort.
Pensons aujourd’hui sérieusement au riche et à Lazare. Cela arrive tous les jours. Et tant de fois, aussi — cela doit nous faire honte — cela arrive en nous, cette lutte, entre nous, dans la communauté. Et quand l’espérance s’éteint et que nous sentons en nous la solitude du cœur, la fatigue intérieure, le tourment du péché, la peur de ne pas y arriver, nous revenons au goût du pain. Nous sommes tous pécheurs : chacun de nous porte ses péchés. Mais, pécheurs, revenons au goût de l’Eucharistie, au goût du pain. Retournons à Jésus, adorons Jésus, accueillons Jésus. Parce qu’Il est le seul qui vainc la mort et renouvelle toujours notre vie.
VISITE PASTORALE À MATERA POUR LA CLÔTURE DU 27e CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL ITALIEN
CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Stade communal de Matera
Dimanche 25 septembre 2022
[Multimédia]
____________________________
Homélie – 26e dimanche C :
« Ouvrir les yeux sur Lazare »
Frères et sœurs,
L’Évangile de ce jour nous raconte une histoire saisissante, presque brutale : celle d’un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui festoie chaque jour, et d’un pauvre nommé Lazare, couvert d’ulcères, gisant à sa porte, espérant quelques miettes. Deux vies qui se croisent sans jamais se rencontrer. Deux destins qui s’inversent dans l’au-delà.
Ce récit n’est pas une condamnation de la richesse en soi, mais un appel à ouvrir les yeux. Le péché du riche, ce n’est pas d’avoir de l’argent. C’est de ne pas voir Lazare. De ne pas entendre son silence. De ne pas se laisser toucher par sa misère.
Combien de Lazare sont à notre porte ? Pas seulement ceux qui mendient dans la rue, mais aussi ceux qui souffrent en silence : un voisin isolé, un collègue en détresse, un adolescent en quête de sens. Le danger, c’est l ’indifférence. C’est de vivre replié sur soi, dans le confort, sans jamais se laisser déranger.
Quand le riche demande qu’on avertisse ses frères, Abraham répond : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent ! » Autrement dit : la Parole de Dieu est déjà là, vivante, brûlante, interpellante. Elle nous invite à la conversion, à la compassion, à la justice. Encore faut-il l’écouter, la laisser nous transformer.
Cette parabole est un miroir. Elle nous pousse à nous interroger : suis-je attentif aux autres ? Est-ce que je vois les Lazare de mon quotidien ? Est-ce que je laisse la Parole de Dieu éclairer mes choix, mes priorités, mes engagements ?
Frères et sœurs, que cette parabole ne nous laisse pas tranquilles. Qu’elle nous dérange, nous réveille, nous pousse à ouvrir les yeux et le cœur. Car c’est là que commence le Royaume de Dieu : dans le regard posé sur l’autre, dans la main tendue, dans l’amour concret.
Mieux comprendre l’Évangile
avec Marie-Noëlle Thabut
ÉVANGILE — selon Saint Luc 16, 19-31
En ce temps-là,Jésus disait aux pharisiens :
19 « Il y avait un homme riche,vêtu de pourpre et de lin fin,qui faisait chaque jour des festins somptueux.
20 Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare,qui était couvert d’ulcères.
21 Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ;mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
22 Or le pauvre mourut,et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi,et on l’enterra.
23 Au séjour des morts, il était en proie à la torture ;levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
24 Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue,car je souffre terriblement dans cette fournaise.
25 — Mon enfant, répondit Abraham,rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie,et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,et toi, la souffrance.
26 Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous,pour que ceux qui voudraient passer vers vousne le puissent pas,et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
27 Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazaredans la maison de mon père.
28 En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage,de peur qu’eux aussi ne viennentdans ce lieu de torture !”
29 Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !
30 — Non, père Abraham, dit-il,mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver,ils se convertiront.”
31 Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.’ »
QUAND JÉSUS RÉADAPTE UN CONTE POPULAIRE
Elle est doublement terrible cette dernière phrase : « Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus » ; d’abord elle semble désespérée, comme si rien ne pouvait forcer un cœur de pierre à changer ! Mais elle est plus terrible encore dans la bouche de Jésus : on peut se demander s’il pense à lui-même en disant cela ? « Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts »… ? Et quand Luc écrit son évangile, il ne sait que trop bien que la Résurrection du Christ n’a pas converti tout le monde, loin de là, elle en a même endurci plus d’un. Venons-en à l’histoire du riche et du pauvre Lazare : le riche, finalement, nous ne savons pas grand chose de lui, même pas son nom ; il n’est pas dit qu’il soit spécialement méchant, au contraire, puisqu’il pensera même plus tard à sauver ses frères du malheur dans l’au-delà. Simplement, il est dans son monde, dans son confort, « dans sa tour d’ivoire », pourrait-on dire, comme les Samaritains dont parlait Amos dans la première lecture. Tellement dans sa tour d’ivoire qu’il ne voit même pas à travers son portail, le mendiant qui crève de faim et qui se contenterait bien de ses poubelles. Le mendiant, lui, a un nom « Lazare » qui veut dire « Dieu aide » et cela, déjà, est tout un programme : Dieu l’aide, non parce qu’il est vertueux, on n’en sait rien, mais parce qu’il est pauvre, tout simplement. Voilà peut-être la première surprise que Jésus fait à ses auditeurs en leur racontant cette parabole : car, en fait, cette histoire, ils la connaissaient déjà, c’était un conte bien connu, qui venait d’Égypte ; les deux personnages étaient un riche plein de péchés et un pauvre plein de vertus : arrivés dans l’au-delà, les deux passaient sur la balance : et on pesait leurs bonnes et leurs mauvaises actions. Et au fond la petite histoire ne dérangeait personne : les bons, qu’ils soient riches ou pauvres, étaient récompensés… les méchants, riches ou pauvres, étaient punis. Tout était dans l’ordre. Les rabbins, eux aussi, avant Jésus, racontaient une histoire du même genre, elle aussi bien évidemment empruntée à l’Égypte. Le riche était un fils de publicain pécheur, le pauvre un homme très dévot ; eux aussi passaient sur une balance qui pesait soigneusement les mérites des uns et des autres ; très logiquement, le dévot était reconnu plus méritant que le fils du publicain.
LES VRAIS FILS D’ABRAHAM
Jésus bouscule un peu cette logique : il ne calcule pas les mérites et les bonnes actions ; car, encore une fois, il n’est dit nulle part que Lazare soit vertueux et le riche mauvais ; Jésus constate seulement que le riche est resté riche sa vie durant, pendant que le pauvre restait pauvre, à sa porte : c’est dire l’abîme d’indifférence, ou d’aveuglement si vous préférez, qui s’est creusé entre le riche et le pauvre, simplement parce que le riche n’a jamais entrouvert son portail. Autre détail qui a son importance dans le récit de Jésus : il n’est pas tout à fait exact qu’on ne sait rien du riche ; en fait, on sait comment il était habillé : de pourpre et de lin, ce qui est une allusion évidente aux vêtements des prêtres ! La couleur pourpre qui était primitivement la couleur des vêtements royaux, était devenue la couleur des grands prêtres parce qu’ils servent le roi du monde ; quant au lin c’était le tissu de la tunique du grand prêtre ; là, dans la bouche de Jésus, il y a certainement une petite pointe à l’égard de ses auditeurs : très pieux, mais peut-être indifférents à la misère des autres ; Jésus leur dit quelque chose comme « grand-prêtre ou pas, si vous méprisez vos frères, vous ne méritez pas votre titre de fils d’Abraham ». Car, on l’aura remarqué : Abraham est cité sept fois dans cette page ; c’est donc certainement une clé du texte. Au fond, la question de Jésus c’est « qui est vraiment fils d’Abraham ? » et sa réponse : si vous n’écoutez pas la Loi et les Prophètes, si vous êtes indifférents à la souffrance de vos frères, vous n’êtes pas les fils d’Abraham. Jésus va encore plus loin : le pauvre aurait bien voulu manger les miettes du riche, mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies ; or les chiens étaient des animaux impurs… ce qui fait que même si le riche pieux s’était donné la peine d’ouvrir son portail, il aurait été choqué de toute façon et il aurait fui cet homme impur léché par les chiens… la leçon de Jésus, là encore, c’est « vous attachez de l’importance aux mérites, vous veillez à rester purs, vous êtes fiers d’être les descendants d’Abraham… mais vous oubliez l’essentiel ». Cet essentiel est dit dans la loi et les prophètes ; et là, nous n’avons que l’embarras du choix, dans le livre d’Isaïe par exemple : « Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci :… partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans-abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ?… Si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres… » (Isaïe 58,6-7.10). Pas besoin de signes extraordinaires pour nous convertir : nous avons la Loi, les Prophètes, les Évangiles : à nous de les écouter et d’en vivre !
Richesse et pauvreté
Assurément, frères, ce pauvre qui gisait, couvert d'ulcères, à la porte d'un riche, fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham, c'est ce que nous lisons, c'est ce que nous croyons. Et ce riche qui se revêtait de pourpre et de lin fin et qui faisait chaque jour bonne chère, fut emporté vers les enfers et leurs tourments. Mais ce pauvre a-t-il vraiment été emporté par les anges grâce à sa pauvreté, et ce riche envoyé aux tourments à cause de ses richesses ? C'est l'humilité qui a été honorée dans ce pauvre et l'orgueil condamné dans ce riche.
Je puis vous prouver en peu de mots que ce ne sont pas les richesses qui ont été châtiées dans ce riche mais l'orgueil. En tout cas, ce pauvre a été emporté dans le sein d'Abraham. Or l'Ecriture dit d'Abraham lui-même qu'il possédait beaucoup d'or et d'argent et qu'il fut riche sur terre. Si tout riche est condamné au supplice, comment Abraham avait-il précédé notre pauvre pour l'accueillir après la mort en son sein ?
Mais Abraham, au milieu des richesses, était pauvre, humble, respectueux de tous les commandements, il était obéissant.
Fais en sorte de rester pauvre et démuni ; si tu ne l'es pas, tu ne seras pas exaucé. Tout objet autour de toi ou en toi sur quoi tu serais tenté de t'assurer, rejette-le. Que toute ton assurance soit Dieu. Sois en manque de Dieu, afin d'être rempli de lui.
ST AUGUSTIN D'HIPPONE
Saint Augustin († 430), philosophe et théologien, s'est converti après avoir longtemps erré à la recherche de Dieu.
Saint Augustin
SERMON XIV.
Prononcé à Carthage un jour de dimanche.
LE VRAI PAUVRE
Quel est le vrai pauvre, le pauvre qui s'abandonne à Dieu, et quel est l'orphelin véritable, l'orphelin dont le Seigneur est l'appui ?
I. Le véritable pauvre est celui qui est humble. Si l'orgueil est insupportable dans le riche, ne l'est-il pas davantage dans le pauvre? Mais l'homme humble est pauvre, fût-il comme Zachée au sein des richesses. Non, dit le pauvre, il faut qu'il soit de plus dénué comme Lazare, comme je le suis moi-même. Prends garde à l'orgueil, et n'es-tu pas condamné par la vue même d'Abraham qui reçut Lazare dans son sein ? C'est qu'Abraham fut pauvre au milieu de l'opulence. Pour être pauvre, il faut être détaché des richesses, ne les pas désirer. Donc le riche, est pauvre quand il ne désire point en acquérir, quand il est détaché de celles qu'il possède et qu'il en use ; pour le bien d'autrui. Toi au contraire qui les envies, tu es malheureusement riche dans ta pauvreté. Ainsi donc le vrai modèle du pauvre chrétien est Jésus-Christ : il fut pauvre et riche à la fois.
II. Le véritable orphelin est celui qui se considère comme n'ayant d'autre père que Celui qui est aux cieux.
bottom of page
