Victoire sur la terre comme au ciel

Christelle Javary 

Tant de combats sur cette terre… Le ciel, au moins, est-il paisible et harmonieux ? Non, d’après le livre de l’Apocalypse, qui dévoile à nos yeux une vision impressionnante : une Femme, mystérieuse, que le soleil et les étoiles revêtent de splendeur, mais dont l’enfant à peine né échappe de peu au dragon féroce venu le dévorer. Malgré les apparences, il ne s’agit pas d’un film d’horreur ni d’un cauchemar, c’est au contraire une bonne nouvelle et un encouragement. Le ciel n’est pas le refuge d’un Dieu sourd ou indifférent aux affaires humaines. Le grand combat qui s’y déroule, c’est le combat entre le bien et le mal. Nous pouvons avoir l’impression que sur la terre, rien n’arrête le mal quand il se donne libre cours : guerres, rivalités, injustice, oppression, misère, aveuglement face aux vrais enjeux – autant de fruits désastreux dont l’actualité nous accable. Or Dieu s’oppose au mal, toujours et partout. Le psalmiste en avait déjà l’intuition : Là-haut, une armée combat pour moi (Ps 55, 3). Et la bonne, l’excellente nouvelle, c’est que le mal est déjà vaincu : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! » La fête de l’Assomption nous invite précisément à contempler le triomphe de la Vierge Marie, élevée « jusqu’à la gloire du ciel, dans son âme et son corps », c’est-à-dire toute son humanité (prière d’ouverture).

Trésor sous bonne garde

La Femme de l’Apocalypse est un trésor bien gardé (tant pis pour le dragon). En retour, le peuple chrétien a pris depuis longtemps l’habitude de confier à la garde de Marie l’humble trésor de ses joies et de ses peines, de sa foi et de son espérance. Le pape François ne s’y est pas trompé. N’a-t-il pas voulu commencer son voyage apostolique à Marseille par la visite à la basilique de Notre-Dame-de-la-Garde, le 22 septembre 2023 ? Comme l’a rappelé le cardinal Aveline, les Marseillais de toutes confessions ou religions montent se présenter devant « la Bonne Mère » et solliciter sa protection face aux périls et aux combats de cette vie. Le pape a invité à accueillir et imiter « le regard de miséricorde de la Vierge », source de paix, puis son « regard d’intercession », afin de refléter par notre vie « la splendeur dont elle rayonne ». La Vierge n’est pas une privilégiée ni une exception, elle est notre modèle pour que nous apprenions à accueillir comme elle en plénitude la merveille de l’amour de Dieu : « Marie, modèle de l’Église, en nous présentant son Fils, nous présente également à Lui, comme un bouquet de fleurs dans lequel chaque personne est unique, est belle et précieuse aux yeux du Père. » Le mal est vaincu par l’amour, le ciel se penche avec tendresse sur la terre, Marie nous accompagne et nous attend. Alléluia !

in Magnificat