La vie chrétienne n’est-elle pas une forme d’ascension spirituelle et existentielle ? Faite de progrès et de reculades, de chutes et de relèvements. Faite d’ombres et de lumières, de joie et de doute. D’états de grâce, d’états plus arides, voire vides… Mais la vie chrétienne, avant tout cela, est une histoire d’amitié avec le Christ, une réponse à son amour, toujours premier. Vivre l’espérance Le Carême est un temps particulier pendant lequel nous sommes invités à prendre soin de cette amitié. Un temps pour creuser en nous cet espace dont nous avons tant besoin pour répondre à l’amour de Dieu. Pour accueillir pleinement sa grâce. Un temps où nous pouvons choisir de changer quelque chose dans notre vie, par nos petits ou nos grands efforts, par ces petites décisions intérieures qui peuvent merveilleusement ouvrir et adoucir nos cœurs, par ces manques choisis qui vont nous faire grandir l’âme en simplicité, par ces petites libérations de ce qui nous encombre, par ce mal qu’on se donnera pour faire le bien, par nos actes de résistance pour tenir à distance tout ce futile, ce nuisible, tout ce qui prend trop de place et fait trop de bruit dans nos vies. Un temps qui ne doit pas nous faire oublier que l’ascèse prend tout son sens si elle est recherchée pour mieux rencontrer Dieu. Si nous vivons le Carême, c’est pour nous préparer à célébrer Pâques. La joie de la résurrection, la foi nous invitent à regarder vers l’avenir avec la vertu d’espérance. Ainsi, si le Carême est un écrin pour notre conversion, il est aussi le lieu d’espérance par excellence. L’espérance est un combat L’espérance est comme un futur qui redonne sens au présent. Elle fait entrer le futur dans le présent, libère un avenir et plante le présent dans l’éternité. Car elle nous incite à contempler notre vie d’aujourd’hui à l’aune de l’éternité. Et elle nourrit notre désir de nous tourner vers les vrais trésors, ceux qui ne passent pas. Ce qui, évidemment, est un combat… D’ailleurs, l’espérance, à l’image du Carême, est un combat. C’est même « la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme », disait Bernanos. Car l’espérance n’est jamais négation du désespoir ou de la souffrance. Elle ne dénie pas le réel, mais s’y cogne. Sans naïveté, nous savons bien que ce Carême ne supprimera pas totalement le mal en nous et autour de nous. Pour autant, nous croyons qu’il peut fortifier en nous ce qui le combat le mieux : le désir du bien. Et nous ne sommes pas seuls. Dieu agit aujourd’hui, dans ma vie et dans chaque vie humaine, proche ou lointaine. Il continue de prendre soin de sa création. Alors vivons ce Carême avec cette conviction, cette force ! Elle est source de vie, de persévérance, elle a raison de nos prisons. Oui. Dieu est là, et il nous appelle : « Mes amis » (Jn 15, 15). Docteur en pharmacie et essayiste, Blanche Streb, mère de famille, est notamment l’auteur de Grâce à l’émerveillement (Salvator, 2023).