Tout le monde est appelé à vivre dans l’Église
- Paroisse de Lasne
- 29 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai
Quatrième messe des Novemdiales

Le passage de l’Évangile est bien connu. Une scène grandiose au caractère universel : tous les peuples, qui vivent ensemble dans le seul champ qu’est le monde, sont rassemblés devant le Fils de l’Homme, assis sur le trône de sa gloire pour juger.
Le message est clair : dans la vie de tous, croyants et non-croyants, sans distinction, il y a un moment décisif : à un certain moment, certains commencent à participer à la même joie de Dieu, d’autres commencent à endurer la terrible souffrance de la véritable solitude, car, exclus du Royaume, ils restent désespérément seuls dans leur âme.
Dans la traduction italienne (CEI), on parle de brebis et de chèvres pour distinguer les deux groupes. Cependant, en grec, à côté du féminin próbata — troupeau, brebis —, on utilise èrífia, qui désigne principalement les boucs, les mâles de l’espèce. Les brebis, qui ne se rebellent pas, sont fidèles, dociles, prennent soin des agneaux et des plus faibles du troupeau, entrent dans le royaume préparé pour elles depuis la création du monde ; les boucs, qui veulent l’indépendance, défient le berger et les autres animaux avec leurs cornes, sautent sur les autres chèvres en signe de domination, face au danger, ils pensent à eux-mêmes et non au reste du troupeau, ils sont destinés au feu éternel. Il est naturel de se demander : au niveau personnel et institutionnel, lequel de ces deux styles incarnons-nous ?
Il est donc évident qu’appartenir ou non au Royaume de Dieu ne dépend pas de la connaissance explicite du Christ : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim… avoir soif… être un étranger… être nu… être malade ou être en prison… ?
Dans le texte grec, le verbe « voir » est exprimé par Matthieu par òráo, qui signifie voir en profondeur, percevoir, comprendre. Paraphrase : Seigneur, quand t’avons-nous « compris », « détecté », « qualifié » ? La réponse de Jésus suggère que ce n’est pas la profession de foi, la connaissance théologique ou la pratique sacramentelle qui garantit la participation à la joie de Dieu, mais l’implication qualitative et quantitative dans la vicissitude humaine des frères et sœurs les plus petits. Et la figure de l’humain est la royauté de Jésus de Nazareth qui, dans sa vie terrestre, a partagé en tout la faiblesse de notre nature, jusqu’à être rejeté, persécuté et crucifié.
En définitive, la parabole du Jugement dernier manifeste le secret sur lequel repose le monde : le Verbe s’est fait chair, c’est-à-dire que « Dieu a voulu s’unir à l’humanité à tel point que celui qui touche l’homme touche Dieu, celui qui honore l’homme honore Dieu, celui qui méprise l’homme méprise Dieu » (Elia Citterio).
En effet, la parabole révèle la dignité suprême des actes humains, définis par rapport à la compassion, à la solidarité, à la tendresse et à la proximité dans l’humanité. Je trouve dans les vers par lesquels Edith Bruck a voulu faire ses adieux au Pape François (L’Osservatore Romano, 23 avril 2025), l’expression poétique d’une telle humanité :
Nous avons perdu un homme qui vit en moi.
Un homme qui aimait, s’émouvait, pleurait, invoquait la paix, riait, embrassait, étreignait, s’émouvait et s’enthousiasmait, et répandait la chaleur.
L’amour des gens de toutes les couleurs et de partout le rajeunissait.
L’ironie et l’esprit le rendaient sage.
Son humanité était contagieuse, elle adoucissait même les pierres.
Ce qui l’a guéri de la maladie, c’est sa foi saine enracinée dans le ciel.
« L’humanité chrétienne » fait de l’Église une maison pour tous. Les paroles prononcées par François lors de sa conversation avec les jésuites à Lisbonne en 2023 sont d’une grande actualité : « Tout le monde est appelé à vivre dans l’Église : ne l’oubliez jamais !
Comme le rapportent les Actes des Apôtres, Pierre l’avait clairement affirmé : En vérité, je me rends compte que Dieu ne fait pas de différence entre les personnes, mais qu’il accueille ceux qui le craignent et pratiquent la justice, à quelque nation qu’ils appartiennent.
Le passage de la première lecture est la conclusion de la rencontre de Pierre avec quelques païens, Corneille et sa famille (Ac 10) ; un épisode qui, dans une époque mondialisée, sécularisée et assoiffée de Vérité et d’Amour comme la nôtre, indique, par l’attitude de Pierre, la voie de l’évangélisation : l’ouverture sans réserve à l’humain, l’intérêt gratuit pour les autres, le partage de l’expérience et l’approfondissement pour aider chaque homme et chaque femme à faire crédit à la vie, à la grâce de la nature et, quand ils voient qu’il plaît à Dieu — dirait saint François d’Assise (Rnb XVI, 43) —, l’annonce de l’Évangile, c’est-à-dire la révélation de l’humanité divine de Jésus dans l’histoire, pour appeler les peuples à la foi dans le Christ, « fou d’amour » pour l’homme, comme l’enseigne sainte Catherine de Sienne, dont c’est aujourd’hui la fête en Italie. C’est alors que pourra se déployer pour tous la pleine valeur de la profession de foi, de la théologie solide et des sacrements qui enrichissent de toutes les grâces la vie de l’esprit.
Que Marie, l’humble servante du Seigneur qui a donné au monde son Sauveur, nous montre le chemin d’une vie authentique de disciple et de proclamation.
CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE
Quatrième messe des Novemdiales
HOMÉLIE DU CARDINAL MAURO GAMBETTI
Basilique Saint-Pierre
Mardi 29 avril 2025
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