Retrouvons le goût de la prière d'adoration
- Paroisse de Lasne
- 4 mai
- 4 min de lecture

Vénérables Pères Cardinaux
chers frères dans l'épiscopat et le sacerdoce
chers frères et sœurs,
La liturgie paulinienne de ce dernier noviciat en suffrage du pape François est celle du jour, le troisième dimanche de Pâques, et la page de l'Évangile de Jean qui vient d'être proclamée nous présente la rencontre de Jésus ressuscité avec quelques apôtres et disciples au bord de la mer de Tibériade, qui se termine par la mission confiée à Pierre par le Seigneur et par le commandement de Jésus : « Suis-moi ! »
L'épisode rappelle celui de la première pêche miraculeuse, racontée par Luc, lorsque Jésus avait appelé Simon, Jacques et Jean, annonçant à Simon qu'il deviendrait pêcheur d'hommes. Depuis ce moment, Pierre l'a suivi, parfois dans l'incompréhension et même dans la trahison, mais dans la rencontre d'aujourd'hui, la dernière avant le retour du Christ vers le Père, Pierre reçoit de lui la tâche de paître son troupeau.
L'amour est le mot clé de cette page d'Évangile. Le premier à reconnaître Jésus est « le disciple que Jésus aimait », Jean, qui s'exclame « c'est le Seigneur », et Pierre saute immédiatement dans la mer pour rejoindre le Maître. Après le partage du repas, qui aura ravivé dans le cœur des apôtres le souvenir de la dernière Cène, commence le dialogue entre Jésus et Pierre, la triple question du Seigneur et la triple réponse de Pierre.
Les deux premières fois, Jésus utilise le verbe aimer, un mot fort, tandis que Pierre, conscient de la trahison, répond par l'expression moins exigeante « aimer », et la troisième fois, Jésus lui-même utilise l'expression aimer, s'adaptant à la faiblesse de l'apôtre. Le pape Benoît XVI a commenté ce dialogue. « Simon comprend que Jésus n'a besoin que de son pauvre amour, le seul dont il est capable. (...) C'est précisément cette adaptation divine qui donne de l'espoir au disciple, qui a connu la souffrance de l'infidélité. (...) Depuis ce jour, Pierre « suit » le Maître avec une conscience précise de sa propre fragilité ; mais cette conscience ne le décourage pas. En effet, il savait qu'il pouvait compter sur la présence du Ressuscité à ses côtés (...) et c'est ainsi qu'il nous montre aussi le chemin ». [1]
Dans l'homélie de la messe du 25e anniversaire de son pontificat, saint Jean-Paul II confiait : « Aujourd'hui, chers frères et sœurs, je suis heureux de partager avec vous une expérience qui dure depuis un quart de siècle. Chaque jour, le même dialogue entre Jésus et Pierre se déroule dans mon cœur. En esprit, je fixe le regard bienveillant du Christ ressuscité. Celui-ci, bien que conscient de ma fragilité humaine, m'encourage à répondre avec confiance comme Pierre : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t'aime » ( Jn 21,17). Il m'invite ensuite à assumer les responsabilités qu'il m'a lui-même confiées ». [2]
Cette Mission est l'amour lui-même, qui devient service de l'Église et de l'humanité tout entière. Pierre et les Apôtres l'ont assumée immédiatement, avec la force de l'Esprit qu'ils avaient reçu à la Pentecôte, comme nous l'avons entendu dans la première lecture : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué en le suspendant à une croix. Dieu l'a élevé à sa droite, comme chef et Sauveur ».
Nous avons tous admiré combien le pape François, animé par l'amour du Seigneur et porté par sa grâce, a été fidèle à sa mission jusqu'au bout de ses forces. Il a rappelé aux puissants qu'ils devaient obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes et a proclamé à toute l'humanité la joie de l'Évangile, le Père miséricordieux, le Christ Sauveur. Il l'a fait dans son Magistère, dans ses voyages, dans ses gestes, dans son style de vie. J'étais près de lui le jour de Pâques, à la loggia de bénédiction de cette basilique, témoin de ses souffrances, mais surtout de son courage et de sa détermination à servir le peuple de Dieu jusqu'au bout.
Dans la deuxième lecture, tirée du livre de l'Apocalypse, nous avons entendu la louange que l'univers entier a adressée à celui qui est assis sur le trône et à l'agneau : « louange, honneur, gloire et puissance, pour les siècles des siècles ». Les quatre créatures vivantes ont dit : « Amen ». Et les anciens se prosternèrent pour adorer ».
L'adoration est une dimension essentielle de la mission de l'Église et de la vie des fidèles. Le pape François l'a souvent rappelé, par exemple dans son homélie pour la fête de l'Épiphanie l'année dernière: « Les Mages avaient le cœur prosterné dans l'adoration. (...) Ils arrivent à Bethléem et, lorsqu'ils voient l'Enfant, 'ils se prosternent et l'adorent' ( Mt 2, 11). (...) Un roi venu pour nous servir, un Dieu qui s'est fait homme. Devant ce mystère, nous sommes appelés à plier nos cœurs et nos genoux pour adorer : adorer le Dieu qui vient dans la petitesse, qui habite dans la normalité de nos maisons, qui meurt par amour. (...) Frères et sœurs, nous avons perdu l'habitude d'adorer, nous avons perdu cette capacité que l'adoration nous donne. Retrouvons le goût de la prière d'adoration. (...). Il y a un manque d'adoration chez nous aujourd'hui ». [3]
Cette capacité d'adoration n'était pas difficile à reconnaître chez le Pape François. Sa vie pastorale intense, ses innombrables rencontres, étaient fondées sur les longs moments de prière que la discipline ignatienne avait imprimés en lui. Il nous a souvent rappelé que la contemplation est « un dynamisme d'amour » qui « nous élève vers Dieu, non pas pour nous détacher de la terre, mais pour nous y faire habiter en profondeur »[4]. [Et tout ce qu'il a fait, il l'a fait sous le regard de Marie. Ses cent vingt-six arrêts devant le Salus Populi Romani resteront dans notre mémoire et dans nos cœurs. Et maintenant qu'il repose près de son icône bien-aimée, nous le confions avec gratitude et confiance à l'intercession de la Mère du Seigneur et de notre Mère.
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[1] Audience générale du 24 mai 2006.
[2] Homélie de la Sainte Messe du 16 octobre 2003.
[3] Homélie de la Sainte Messe du 6 janvier 2024.
[4] Audience aux délégués des Carmes déchaussés, 18 avril 2024.
HOMÉLIE DE SON ÉMINENCE RÉVÉRENDISSIME
MR CARDINAL DOMINIQUE MAMBERTI
Basilique Saint-Pierre
Dimanche 4 mai 2025
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